Récemment, j’ai revu un ancien ami du lycée. Depuis qu’il est sorti sans diplôme, il enchaîne les petits boulots, entrecoupés de périodes de chômage. Il a dû quitter un travail de barman qui lui créait des insomnies. Je lui ai demandé ce qu’il faisait dernièrement, et il m’a répondu qu’il attendait d’avoir à nouveau droit au plan d’aide à l’emploi, car aucun employeur ne veut le prendre s’il n’est pas éligible à un de ces dispositifs.

 

Rarement une mesure n’aura aussi mal porté son nom que les dispositifs d’aide à l’emploi. Après avoir imposé au travailleur belge le plus haut niveau de taxe en Europe[1], le monde politique s’est étonné que le chômage augmente. Une hyper-fiscalité combinée à un droit social inflexible ont fait en sorte que des milliers de gens trop peu productifs ne puissent plus travailler légalement[2]. Pire encore, l’aplatissement de la grille des salaires a mené au fait de surcharger les personnes au pic de leur productivité, les travailleurs entre 30 et 45 ans, et de précariser le reste.

Le niveau de la dépense publique étant ce qu’il est en Belgique, personne n’ose toucher aux impôts. Pour faire croire qu’on s’occupe du problème, le monde politique est venu avec une idée consternante : prendre les personnes moins productives, donc celle que les barrières à l’emploi qu’ils ont imposées ont mis le plus au chômage, les jeunes, les vieux, les personnes souffrant d’handicap, les chômeurs longue durée, les personnes moins formées, et diminuer leur charges, voir payer les patrons pour qu’ils les emploient.

 

Et c’est ainsi qu’on recense 120(!) [3] dispositifs d’aide à l’emploi en Belgique, chiffre qui ne semble devoir aller qu’en augmentant. Une bonne partie de ces aides est destinée à créer des emplois subventionnée dans le secteur publics, emplois qui ne sont pas durables et ne permettent en rien de diminuer le chômage (on estime que chaque emploie public détruit 1,5 emplois privés[4].) Mais cela permet de créer des clientèles électorales, particulièrement au niveau communal.

Le reste concerne des aides aux entreprises, dont l’exemple le plus emblématique est le plan activa. L’idée est simple, pour diminuer le chômage, lorsque un employeur embauche un chômeur, il aura une réduction des cotisations sociales pendant une certaine durée ainsi que parfois le paiement d’une partie du salaire par l’assurance chômage.

Conséquence logique, les employeurs embauchent des chômeurs pour la durée du plan activa puis les virent. Cela crée bien sûr de la précarité pour le travailleur. Bien sûr, il est économiquement absurde de former un travailleur pour le renvoyer, mais pour les métiers les moins qualifiés, qui ne nécessitent pas de compétences particulières, un an d’expérience ne peuvent pas remplacer 500 euro par mois d’avantage.

Le travailleur qui perd son travail aura moins de chance de trouver un nouvel emploi, il devra passer par la case chômage pour être éligible à un programme d’aide à l’emploi, ce qui est bien sûr le meilleur moyen de le pousser à rester au chômage.

Aux étudiants qui sortent de l’université, la première chose que l’on dit, c’est d’aller  s’inscrire au chômage pour pouvoir dire qu’ils bénéficient de tel ou tel programme lorsqu’ils se présenteront pour un emploi.

 

Et le pire dans toute cette histoire, c’est que l’on inflige cela aux couches les plus précaires de la population. Quelqu’un dont un an d’expérience rapporte bien plus à son patron que les marges de ces programmes d’aide n’aura pas grand-chose à craindre. Ce n’est pas le médecin et l’ingénieur qui souffrent de cette politique. Ce sont les jobs d’entrée de gamme, ceux que, la main sur le cœur, le politique déclare vouloir protéger et à qui on ajoute encore une couche de précarité, le renouvellement de la main d’œuvre rendant par ailleurs impossible toute promotion interne.

 

Le seul chiffre pertinent pour influer sur le taux de l’emploi, c’est la différence entre ce que donne l’employeur, et ce que reçoit l’employé, ainsi que le salaire minimum. Tout autre dispositif qu’une baisse des prélèvements est au mieux inutile au pire nocif. Le Parti Libertarien propose la suppression totale de tous les dispositifs d’aide à l’emploi, contrebalancé par la diminution ou la suppression de la pression fiscale qui frappe les travailleurs belges.

 

[1]    http://www.rtbf.be/info/economie/detail_la-belgique-est-le-pays-qui-taxe-le-plus-le-travail-en-europe?id=8284152

[2]    Il est particulièrement dégouttant de voir les politiques claironner sur la productivité des travailleur belges la plus haute d’Europe, sachant que c’est fait au prix d’un taux de chômage de 20% en Wallonie et à Bruxelles.

[3]    http://www.autravail.be/web4/fot2web/measureList.do?method=listNextPage&pageIndex=5

[4]    https://www.contrepoints.org/2012/12/22/108942-un-emploi-public-detruit-133-emploi-prive