Qu’avez-vous pris comme bonne résolution pour cette nouvelle année ? Arrêter de fumer ? Vous mettre au sport ? Faire un régime ? Peut-être allez-vous les tenir, peut-être pendant un temps seulement, peut-être les oublierez-vous aussi vite que vous les avez prises.
Peut-être même que vous n’en avez prise aucune. Mais, en tous cas, vous l’avez décidé librement. Mais combien de temps aurons-nous encore cette liberté ? L’Etat bienveillant semble décidé à vouloir notre bien, même contre notre gré et sans que nous ayons demandé quoi que ce soit. Des offensives contre nos libertés se multiplient au nom de la « santé publique » (l’Organisation Mondiale de la Santé définit la santé comme un état de bien-être physique, mental et social d’une personne : la « santé publique » ne correspond donc à aucune réalité matérielle. Quel serait cet étrange être vivant qui aurait une santé publique ? Sans doute, peut-on déjà voir dans ce nom la tentation de régenter la vie entière des habitants de notre pays puisqu’il est question de ‘physique’, de ‘mental’ et de ‘social’…).

Qu’elles prennent une forme radicale, comme la prohibition de telle ou telle substance jugée dangereuse, la forme d’un mélange de culpabilisation et d’infantilisation, commela multiplication de messages d’avertissement et de slogans simplistes, la forme de tracasseries administratives, comme la réglementation de la cuisson des steaks hachés (Westminster, Londres) ou l’obligation pour les pizzerias d’afficher la valeur en calories de chaque combinaison d’ingrédients (Californie), ces offensives tentent toujours de se justifier par les mêmes arguments. Pourtant, aucun ne résiste à un examen approfondi.

On nous dit tout d’abord : « c’est pour votre bien, car ces pratiques sont néfastes pour votre santé».Il n’est pas question ici de nier que certaines pratiques peuvent s’avérer dommageables pour la santé. Il ne s’agit pas non plus de tomber dans le travers de certains partisans de la légalisation du cannabis, qui le prétendent, à tort ou à raison, moins nocif que le tabac, et en concluent qu’il devrait être autorisé. Cela revient à légitimer un seuil de nocivité qui justifierait l’intervention de l’Etat.

Or, il n’existe rien de plus privé, de plus intime même que la santé. Dès lors qu’un individu est supposé rationnel – et dans notre démocratie, nos gouvernants le supposent suffisamment rationnel pour l’obliger à arbitrer par son vote des questions de société complexes -, alors il l’est aussi suffisamment pour arbitrer, pour son propre bien, entre raison et plaisir. Si chacun est seul propriétaire de lui-même et que personne ne peut se dire propriétaire d’autrui, la conclusion logique en est que chacun est le seul apte à juger de ce qu’il veut faire de sa propre existence. Même inspiré par la bienveillance et aussi sensée que puisse paraître sa démarche, personne ne peut refuser à une personne  la liberté de poser des choix, sauf à nier l’essence même de sa nature d’être humain.

Cet argument ne peut donc être accepté comme légitime.

On nous dit ensuite : « une population saine est un objectif moralement ou socialement désirable ». La réfutation de cette proposition est dans la droite ligne de la précédente. L’individu est ici contraint de renoncer à sa liberté, non pas à son propre avantage, mais à celui supposé d’une majorité, ce qui n’est pas plus acceptable, à mon avis.

Dès lors que le comportement incriminé ne nuit qu’à son auteur  et/ou éventuellement à des adultes consentants de son entourage, il n’existe aucune raison légitime de l’interdire. En effet, depuis Spooner, nous savons que les vices ne sont pas des crimes. Ceci ne les empêche pas de rester des vices, pouvant entraîner réprobation sociale, voire refus de contracter. Chacun est effectivement libre de ses actes, à condition d’en assumer la responsabilité.

De ce point de vue, certaines réglementations sont totalement aberrantes en termes de respect de la liberté individuelle et de la propriété privée. Cela prouve que ces notions ont disparu de la réflexion de nos élus. Ainsi, un patron de bar ne peut autoriser quiconque à fumer dans son établissement, même en l’affichant en grand sur la porte, prévenant ainsi tout quidam hostile au tabac d’entrer par mégarde dans son établissement : la loi le lui interdit ! En revanche, un propriétaire qui entendrait ne louer son appartement qu’à un non-fumeur n’a aucun recours si son locataire contrevient à cette interdiction.

Dans un cas, on piétine la liberté individuelle, y compris entre adultes consentants, dans l’autre on piétine la propriété privée et la responsabilité contractuelle librement consentie.

A l’inverse de la bienveillance affichée des arguments précédents, le troisième se veut froid et rationnel : « Ce n’est pas à la collectivité de payer pour des gens qui se ruinent la santé volontairement ». Ce raisonnement présente deux failles béantes.

D’abord, quoi que feignent de croire nos hygiénistes forcenés, un mode de vie sain ne garantit pas l’immortalité. Eventuellement une vie plus longue, mais pas éternelle. Dès lors, la maladie X évitée par l’abandon d’une pratique prétendument préjudiciable risque fort de se voir remplacée, quelques années plus tard par une maladie Y, dont rien ne permet de savoir si, au final, elle se révèlera plus ou moins coûteuse pour le système étatique des soins de santé. L’argument du coût ne repose sur rien, si ce n’est sur la possibilité de reporter une dépense dans le temps. Autrement dit, l’Etat pratique une gestion financière de notre vie

Au-delà de ce constat de cynisme, cela revient à ouvrir la boîte de Pandore, sans même savoir comment la refermer : va-t-on bientôt refuser de soigner ceux qui se blessent en faisant du sport, au prétexte qu’ils auraient pu rester devant leur téléviseur à boire les paroles de tel ou tel ministre, sagement assis dans leur canapé (on adaptera utilement le slogan bien connu en : manger, bouger… mais pas trop) ou les victimes d’accidents de voiture, qui n’avaient qu’à prendre les transports étatiques ?

Ceci conduit tout naturellement à la deuxième faille du raisonnement : l’atteinte aux libertés est justifiée par une autre atteinte aux libertés : celle d’une assurance maladie unique et monopolistique. Nous sommes favorables à la liberté de choix de l’assurance maladie et à l’ouverture la plus large de ce marché : dans ce cadre, si un assureur maladie (au sens large, il ne s’agit pas nécessairement d’une compagnie d’assurance, mais également d’une mutuelle, d’une coopérative etc. entend privilégier tel ou tel comportement, y compris par un incitant financier, c’est son droit et sa responsabilité. Si des personnes qui ont des comportements réputés à risque veulent s’assurer entre elles pour ne pas subir les reproches des « vertueux », c’est encore leur droit. Plutôt que de vouloir régenter la vie du voisin, nous suggérons donc aux partisans de cet argument d’être conséquents avec eux-mêmes et de privilégier des solutions restaurant deux libertés d’un coup, au lieu de se servir de l’absence de l’une pour attaquer la deuxième.

A tous ceux qui ont pris de bonnes résolutions pour leur santé, nous leur souhaitons de les tenir, s’ils le veulent !

A tous ceux qui ne souhaitent pas se voir imposer de bonnes résolutions, nous en suggérerons une, facile à tenir, rapide à exécuter et qui pourrait vous faire beaucoup de bien une fois tenue : en 2013, rejoignez le Parti Libertarien !