Nous pensons que le citoyen sous-estime gravement ce qui est en train de se passer dans le monde politico-économique belge! En effet, nous observons que le gouvernement tend à interdire les échanges autres que ceux qu’ils considère, fort arbitrairement, comme fondamentaux (c’est-à-dire en gros la nourriture, les médicaments, etc.). Il s’ensuit que le gagne-pain de beaucoup d’individus est tout simplement gelé car ceux qui doivent justement vendre leur pain pour vivre se retrouvent sans ressources. Tant qu’ils ont une épargne, ils peuvent continuer à subvenir à leurs besoins (manger à leur faim) ou leurs obligations (rembourser les banques, payer les loyers) mais ce n’est pas toujours aussi évident.

En réponse et afin d’apparaître utile, voire indispensable, le gouvernement improvise des mesures visant à réduire l’impact de ces restrictions au libre-échange, par exemple en réduisant (temporairement) la pression fiscale, mais aussi en augmentant parallèlement les dépenses. Mais plus cette crise va durer et plus la question pour certains de pouvoir nourrir leurs familles va se poser, comme dans le sud de l’Italie. En d’autres termes on veut éviter des morts dans les hôpitaux, mais on risquera peut-être d’avoir des morts de faim, alors même que les capacités de production sont parfaitement disponibles. 

Ce que le citoyen ne voit peut-être pas c’est qu’il y a déjà un impact macro-économique car il est évident que cela affecte la croissance, déjà très maigre d’une économie belge largement en crise bien avant le COVID-19. En empêchant les agents économiques d’échanger, le PIB diminue mécaniquement et en reprenant la théorie quantitative de la monnaie, les deux seules possibilités de sauver le PIB consistent soit à laisser les prix diminuer (ce qui est plutôt bon) soit à faire augmenter la masse monétaire (ce qui est plutôt mauvais). Autant dire que c’est vers la deuxième solution que les autorités monétaires européennes se dirigent.

La banque centrale veut pratiquer le quantitative easing (en gros: racheter massivement des titres de dettes aux acteurs financiers, notamment des bons du trésor ou des obligations d’entreprise, et dans certaines circonstances des titres adossés à des actifs comme des titres hypothécaires.) Le problème en Europe est que la BCE a déjà eu recours à cette grosse ficelle à de trop nombreuses reprises dans un passé récent et qu’il est raisonnable de croire que sa capacité à agir de la sorte va saturer. Car avant la crise du coronavirus n’apparaisse, les taux étaient déjà négatifs et la BCE rachetait les dettes d’état. Jusqu’à présent, l’inflation sur les produits de consommation était vaguement maîtrisée, mais la suite pourrait être plus problématique si la BCE s’enfonce davantage dans les politiques d’assouplissement monétaire.

En clair, le risque est une soviétisation de l’économie au travers des achats massifs d’actifs via l’impression monétaire et donc le transfert au public (donc à tous les citoyens) de la charge de ces actifs. Notons au passage que l’impression monétaire qui s’envisage est une escroquerie des plus perfides, car elle vise à transférer contre votre gré la valeur de votre patrimoine pour financer les lubies des institutions étatiques.

Et si, comme c’est probable, une hyperinflation se produit ce sera une catastrophe ! Souvenons-nous des Allemands pendant les années 20 qui devaient acheter leur pain avec un brouette de billets, ou récemment des rues du Venezuela dont les billets jonchaient le sol. D’autant plus que même avant cette crise sanitaire, la relative stabilité des prix des biens de consommation menaçait de créer une bulle dans l’immobilier. On vit peut-être le moment parfait pour la voir éclater …

Le dégonflement des bulles immobilières exercera une pression déflationniste, tandis que l’augmentation de la masse monétaire (assouplissement quantitatif) exercera une pression inflationniste, selon la théorie quantitative (M * V = P * Q). La théorie quantitative suppose que le dégonflement des bulles est relativement compensé par l’augmentation de la masse monétaire compte tenu d’une diminution des biens et des services produits. L’équation quantitative nous indique dès lors une diminution de la vélocité, ce qui examine généralement la mise en place d’un environnement globalement déflationniste. Un tel scénario peut être validé en cas de faillite bancaire systémique. Ainsi qu’en cas de faillite des États, ce qui signifie un break up de l’euro.

Dès lors la loi de GRESHAM (la bonne monnaie chasse la mauvaise monnaie) reprendra le dessus, l’euro sera massivement vendu et l’or retrouvera son statut de valeur refuge … et nous plongerons dans un scénario inflationniste. Le risque en corollaire est de se faire confisquer son épargne selon le modèle chypriote.


Ajoutez à cette amère perspective le choc pétrolier dû au désinvestissement, qui suivra la reprise tout en l’éteignant aussitôt. Le prix du pétrole est au plus bas depuis plus de 15 ans, plus personne ne met un dollar dans les infrastructures de production et à une hausse de la demande il sera répondu par une hausse des prix.

Concernant le déficit de l’état, il a bien l’obligation morale d’être plus souple sur la pression fiscale, mais il fait aussi plus de promesses pour aider les ménages touchés économiquement par le confinement – des promesses qu’il ne pourra sans doute jamais tenir! Le déficit est donc aggravé autant par les recettes que par les dépenses. Il ne serait pas étonnant de constater une chute massive des recettes de l’État au travers des versements anticipés, du paiement de la TVA, du précompte professionnel et des accises sur les produits pétroliers dont le cours a fortement chuté. Selon certaines prévisions, le déficit pourrait atteindre 7 % du PIB, ce qui est une estimation optimiste.


Cette situation de confusion liée à la pandémie du Covid-19 est le moment idéal pour effacer les erreurs budgétaires des politiciens en tentant de provoquer une hyperinflation, ce qui à pour but d’appauvrir les fourmis au détriments des cigales. Nous sommes dans une inversion complète des valeurs. 

Pendant ce temps là, les bourses du monde entier baissent, ce qui n’est pas forcément bon signe. L’instabilité actuelle inquiète naturellement les investisseurs, d’autant plus que les dividendes futurs vont très probablement mettre du temps à revenir à leurs niveaux précédents. Il est donc évident que le confinement doit durer le moins longtemps possible que et la brutalité de l’État ne sera pas efficace: elle est déjà sera au contraire contre-productive si la foule ne respecte plus ce confinement.


Y aura-t-il plus de morts si on assouplit ou on supprime le confinement ? Seul l’avenir nous le dira, on n’en sait rien. Tout ce qu’on sait pour l’instant est que plus le temps passe, plus le coût économique deviendra intenable. On a une certitude et une incertitude. Le nombre de morts du coronavirus qu’on ne connaît pas ou la situation économique qui va s’aggraver de façon certaine. Autant privilégier la certitude, que l’économie puisse au moins nous permettre de survivre et empêcher les citoyens et des entreprises d’aller droit dans le mur !